Bâtie en 1779
La Maison Frère Orban au 23 rue Ducale a été construite à la fin du 18ème siècle (1779) lorsque la Belgique faisait partie de l'empire autrichien sous le règne de Maria Theresa Habsburg.
L'architecte urbain français Gilles Barnabé Guimard était responsable de la conception de l'ensemble du quartier autour du Parc de Bruxelles et du parc lui-même (en collaboration avec le jardinier de la cour austro-hongroise Joachim Zinner) ainsi que de l’architecture de nombreux bâtiments environnants, dont le Parlement Fédéral, et de divers immeubles de la rue Royale et de la place Royale toute proche.
La rue Ducale tire son nom du quartier qui abrita pendant des siècles la cour des ducs de Bourgogne et des ducs de Brabant dont le palais fut détruit par un incendie sur ce même site en 1731.
Comme la plupart des bâtiments autour du Parc de Bruxelles, la Maison Frère-Orban fait partie d'un ensemble architectural uniforme et harmonieux construit dans le style néoclassique typique de l'architecture de la fin du 18ème siècle. C'est un parfait exemple de la grandeur, de l'élégance sobre et de la simplicité de forme géométrique qui caractérise l'architecture néoclassique qui, inspirée par un nouveau goût pour la simplicité antique, a représenté une réaction générale aux excès du style rococo.
Dès le début, la rue Ducale a été une des adresses les plus prestigieuses de Bruxelles. Elle a conservé tout son prestige et compte plusieurs édifices de premier plan dont le Palais des Académies, la résidence officielle du Premier ministre, le bureau du Président de la Région Bruxelloise et plusieurs ambassades. La Maison Frère-Orban est située entre les ambassades américaine et britannique, ce qui en fait un des endroits les plus sûrs de Bruxelles avec un détachement militaire permanent présent à sa porte.
La maison du 23 rue Ducale a été achetée par la famille de Frère-Orban au milieu du 18ème siècle et il y a habité jusqu'à sa mort en 1896. Située à quelques pas de la residence officielle des premiers ministres dans une direction et du Parlement dans l'autre, elle était en effet une habitation idéale pour un homme politique de premier plan.
Depuis lors la maison est restée la propriété de ses descendants et appartient aujourd’hui à un descendant direct de la cinquième génération qui a suivit Frère Orban.
Objets notoires
La Maison Frère Orban abrite un certain nombre d'objets d'importance historique et artistique.
Le bureau de Frère-Orban
À droite de l'entrée au rez-de-chaussée se trouve le bureau de Frère Orban qui n'a pas été modifié depuis qu'il y a vécu il y a plus de 120 ans.
Sur son bureau se trouve une figurine en bronze de Nero , son chien bien-aimé.
La salle à manger
Dans la salle à manger, les assiettes bleues et blanches exposées au mur ont été produites par la célèbre fabrique française Faïencerie de Gien avec les initiales FO qui avaient été commissionnées en 1870 par Frère Orban et son épouse Claire.
Elles font partie d'un service complet de plus de 200 assiettes et plats qui peuvent encore être utilisées aujourd'hui pour les dîners et déjeuners servis dans cette salle à manger.
Les rideaux ont été peints à la main sur soie par la célèbre artiste belge Isabelle de Borchgrave avec des couleurs et des motifs assortis aux assiettes de Gien ce qui crée , avec la couleur des murs, un cadre particulièrement élégant et harmonieux.
L'escalier principal
L'escalier principal est un vieil escalier en chêne qui a été déplacé d'un château de campagne et a été installé dans la maison. Sur le mur, en montant avant le premier palier, se trouve un dessin d'époque du Parc de Bruxelles et des rues adjacentes qui montre l'ensemble architectural et urbanistique tel que conçu à l'origine, dont le 23 rue Ducale.
Le salon principal
Dans le salon principal, au premier étage, il y a de très élégantes boiseries Louis XVI qui remontent au début du 18ème siècle et provenaient à l'origine d'un hôtel privé parisien.
Le mobilier comprend un ensemble de fauteuils tapisserie française Louis XV avec des scènes des Fables de la Fontaine qui était un thème populaire pour les meubles de tapisserie à la fin du 18ème et au 19ème siècle.
De chaque côté de la cheminée se trouvent 2 grandes peintures d'Eugène Isabey, un peintre français du 19ème siècle bien connu de la période romantique, l'une représentant la bénédiction des chiens dans une église lors d'une messe de St Hubert et l'autre un départ de calèche d'une taverne.
Les rideaux sont peints à la main sur soie par l’artiste belge Isabelle de Borchgrave. Elle a également créé une table basse contemporaine unique qui offre un contraste moderne saisissant à l'élégance de cet intérieur du 19ème siècle.
D'un intérêt historique particulier, ouvert sur la commode, est un grand livre contenant les originaux de centaines de lettres écrites par toutes les municipalités belges en 1860 pour remercier Frère-Orban, alors ministre des Finances, d'avoir fondamentalement réformé le financement des municipalités belges en supprimant les barrières et tarifs locaux (« octrois communaux ») et en les remplaçant par des dotations de l’Etat central.
Étant donné que ces barrières étaient un obstacle majeur à la libre circulation des marchandises, cette réforme a été saluée par tous.
Sur la même commode se trouve également un certificat d'action original datant de 1830 de la Compagnie d’ Assurances Générales, société qui reste encore aujourd'hui le premier assureur Belge.
Comme on peut le voir à son envers, ce certificat d’action a été vendu au petit-fils de Frère-Orban, Florimont Hankar, qui résidait à cette adresse.
Dans le coin de la salle se trouve un buste en marbre blanc de Frère-Orban sculpté par Eugène Simonis, un artiste belge célèbre, qui avait été commandé par la ville de Liège, la ville natale de Frère-Orban.
Deux exemplaires ont été réalisés, l'un qui est au Musée de la Ville de Liège et cet exemplaire remis à Frère-Orban et qui est resté dans la famille.
La salle de conférence
Dans la salle de conférence adjacente se trouvent des portraits du petit-fils de Frère Orban, Florimont Hankar, alors qu'il était gouverneur de la Banque Nationale de Belgique dans les années 1930, et de son arrière-petit-fils, Robert Hankar, qui a longtemps été Président de la Compagnie des Assurances Générales.
Entre les portraits se trouve une très belle esquisse réalisée pour un portrait de Frère-Orban par Frans von Lenbach, l'un des plus célèbres portraitistes allemands du 19ème siècle, connu pour avoir peint de nombreuses personnalités de l'époque, dont le pape Léon XIII, Bismarck, Gladstone et bien d'autres.
Sur le mur, un grand nombre de décorations honorifiques décernées à Frère-Orban et à certains de ses descendants au fil des ans provenant d'une multitude de pays sur plusieurs continents. Cette vaste collection témoigne à quel point Frère-Orban était renommé non seulement dans toute l'Europe mais aussi de par le monde.
Enfin dans la petite salle de conférence attenante se trouve un manteau de soie impérial chinois qui a été donné par l'empereur chinois à Florimont Hankar lorsqu'il a été envoyé en Chine pour annoncer la mort du roi Léopold II en 1909.
L’original de son Ordre de Mission et de son Laisser Passer y sont aussi exposés.